Barcelone comme un musée
Hier, un colloque à Barcelone m'a permis d'écouter le propos d'un intervenant japonais évoquer le rapport complexe qu'entretient la France à l'égard du libre marché. La critique faite à l'égard du libre marché dans notre pays réside foncièrement dans la question du marché en tant que dispositif organisationnel. La manière dont se bâtit la prospérité dans le libre marché, qui est généralement pas établie sur le mérite intellectuel ou artistique. Ce n'est pas celui qui possède la meilleure instruction qui s'en sort le mieux. Qu’il s’agisse d'un nouveau téléviseur ou d'un nouveau type de colle : c'est celui qui est capable de scruter les besoins du « marché » qui s'enrichit. Tout ce que vous avez à faire, c'est avoir la bonne idée au bon moment et savoir séduire le marché. Et ce constat insuffle chez certains de l'aigreur. On le voit dans leur posture hautaine par rapport aux personnes qui ont trouvé le succès grâce à leurs efforts personnels. S'enrichir en répondant aux besoins du « marché » est considéré comme être en proie au plus indigne des défauts humains : la cupidité. Or poursuivre un projet intellectuel est regardé comme un tribut au plus sacré des sentiments humains : l'intellect. Le fait qu’un ingénieur soit capable de gagner plus sur le marché du travail qu’un philosophe est envisagé comme un affront. En France, cette réaction est devenue quasi systématique. Presque toute l'intelligentsia y abomine « le libre marché ». En élevant la popularité au rang de moteur de succès, le libre marché avantagerait selon eux la « Disneyisation » de la société, où la culture muterait pour devenir un bourbier purulent de mauvais goût, devenu une norme. Mais les préférences inviduelles et sociales évoluent sans cesse. Et si l'on refusait ce renouvellement permanente, nous en serions encore à vivre dans une caverne. Ce meeting en Espagne : c'est cette manière de penser qui contribue au déclin de la France.Pour plus d'informations, allez sur le site du séminaire à Barcelone.