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Micro Voyage
31 août 2016

Le mystère TPMP

Les aficionados de «TPMP» font partie des groupes de fans les plus influents de France. Et les plus critiqués. Natalia a tout prévu. Ce 28 janvier, un peu après 21 heures, la vie de cette jeune femme originaire de Dijon va prendre un nouveau tournant: elle va demander en mariage son compagnon Tonio. Et pour cela, elle va lui faire une surprise très spéciale. Après lui avoir masqué les yeux et bouché les oreilles avec un casque, elle l’emmène à Boulogne-Billancourt dans le 92. À 21 heures 37 précisément, elle rentre dans un bâtiment en tenant Tonio par le bras, visiblement mal à l’aise à l’idée de plonger dans l’inconnu. Une fois le petit couple arrêté, Cyril Hanouna, le présentateur de D8, surgit pour lui enlever le bandeau: Tonio réalise alors qu’il est sur le plateau de «Touche pas à mon poste» pour un prime spécial de l’émission phare. Tonio, d’abord gêné face à cette surprise qu’il n’attendait pas, va finir dans les bras de sa femme à qui il vient de dire «oui» et l’embrasser fougueusement devant les caméras de D8. Cette «séquence» faisait partie d’une émission exceptionnelle de l’équipe de «Touche pas à mon poste» (TPMP), diffusée en primetime et dont le but était de réaliser les vœux des téléspectateurs de l’émission. Lors de cette soirée, le hashtag twitter #TPMPvoeux, qui permettait à chacun de faire part de ses rêves afin que Cyril Hanouna les exauce, s’est hissé à la première place des tendances mondiales et a compté 373.000 messages entre 18h20 et 00h30. Un succès pas si étonnant quand on se penche sur l’armée de fans qui, comme Tonio et Natalia, suivent tous les jours ou presque les pitreries d’Hanouna et de sa bande. «Tpmp» c'est 2,1 millions de fans sur Facebook et une ribambelle de hashtags sur Twitter Rien qu’en termes de chiffres, les «fanzouzes» (surnom officiel des fans de «TPMP») écrasent tout sur leur passage. En moyenne chaque soir lors du mois de janvier 2016, ils étaient 1,79 million devant leur télévision du lundi au jeudi (7,5% de part d’audience), faisant de D8 la cinquième chaîne nationale. Il y a un an, le record s’élevait à «seulement» 1,6 million de téléspectateurs. Si «TPMP» est encore loin des trois millions atteints par Nagui sur France 2 et des quatre de «Money Drop» sur TF1, elle bat largement le Grand Journal, qui plafonne à 700.000 téléspectateurs chaque soir. Mais le vrai tour de force de D8 est d’avoir réussi à capitaliser sur l’audience jeune de l’émission (26,6% sur les 15-34 ans le 29 janvier). Ça s'est fait grâce aux réseaux sociaux où ils réunissent 1,84 million d’abonnés sur Twitter et 2,1 millions de fans sur Facebook, et peut-être aussi grâce au recrutement de Matthieu Delormeau, transfuge de NRJ12 où il captait un large public adolescent. Seuls quelques grands chanteurs comme M. Pokora ou des émissions comme «Secret Story» peuvent se targuer d'une plus grande popularité que «TPMP» sur Internet en France. Mais l'émission réussit également, de par sa diffusion quotidienne, à s'inscrire dans la vie des téléspectateurs. C'est pour cela que l'on compte des dizaines de pages et de comptes fans, qui commentent l’émission tous les jours et débattent à propos des chroniqueurs. Jeremy, 19 ans, fan de l’émission depuis le début, est le créateur d’un groupe Facebook privé dédié à l’émission: «les véritables Fanzouzes ! #TPMP», qui compte presque 11.000 membres. Joint par téléphone, il nous explique que ce groupe permet par exemple «d’avoir le regard des gens qui sont allés assister à l’émission, de parler du comportement de certains chroniqueurs.» On retrouve ainsi des fans qui racontent leur soirée d’anniversaire dans le public de l’émission, des sondages sur leur chroniqueur préféré, ou des débats sur telle ou telle polémique. Les commentaires et les publications défilent à longueur de journée, et Jeremy nous explique qu’il reçoit «une demande pour rejoindre le groupe toutes les dix minutes». Gabriel Segré, maître de conférences en sociologie et anthropologie à l’université Paris-Ouest Nanterre-la Défense et auteur du livre Fans de… Sociologie des nouveaux cultes contemporains, a surtout étudié les fans de chanteurs... comme Elvis Presley. Mais quand on lui parle de la communauté des «fanzouzes», il nous explique qu'il s'agit de la même volonté «d'identité collective»: «Dans notre société, il s'agit de quelque chose de tout à fait important pour un individu dans un contexte de repli sur soi. Le fan traduit ce besoin de former une tribu avec une culture commune, des rites communs, des attributs communs. Et en son sein, forcément, on se sent plus fort.» Et pour alimenter cette force collective, l'émission peut miser sur une chose essentielle, que l’on a rarement vue à la télévision avec une telle force depuis l'époque du Club Dorothée: le lien tissé entre l’équipe et son audience. À l’instar d’un boysband, Hanouna et sa bande inondent leur émission et les réseaux sociaux de messages affectueux, souvent pour remercier leur public quand l’audience est au rendez-vous ou pour s'assurer qu'il sera bien devant sa télé lors de la diffusion. Notons également que le surnom d'Hanouna est «Baba», lui conférant une aura paternelle, et que les membres de l'émission s'appellent régulièrement entre eux «chéri(e)» ou «chat».

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