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Micro Voyage
5 février 2016

Le problème de l'Allemagne

Les Français aiment à ciseler les formules. Cela donne des choses de ce genre: "nous avons la Droite (la Gauche) la plus bête du monde". Cette affirmation renvoie à des années d'impéritie, de déclarations enthousiastes et vides de sens, d'aboulie sociale et parlementaire quand des gouvernants se lancent dans de belles envolées, pointent du doigt leurs opposants, les dénoncent comme pétainistes, collaborateurs ou staliniens pour aboutir à des banalités, des règlements train-train et une belle routine électorale. Ces dernières semaines ont montré que la France n'avait pas le privilège de la fatuité doublée d'arrogance des politiques. L'Allemagne vient de s'illustrer dans ce domaine, d'autant plus encline à cette mélasse nationale qu'une masse de germanolâtres chante en choeur les beautés de son ordo-libéralisme, de ses réformes Hartz, de l'agenda 2000 de son ex-chancelier Schröder. Elle a réussi, comme Donald Trump! Comme lui, elle peut se permettre des déclarations fortes et impressionnantes. Celles, par exemple, du Vice-Chancelier, Sigmar Gabriel, pour qui l'Europe s'est "couverte de honte"après l'échec à Bruxelles d'une réunion sur la répartition des réfugiés au sein de l'Union européenne". Elle n'hésite plus à menacer ses contradicteurs. C'est Thomas de Maizière, ministre de l'intérieur, qui tonne et brandit la menace "de réduire les fonds structurels versés par l'UE aux pays qui rejettent les quotas de répartition". C'est Angela Merkel qui annonce "les instruments de torture". Pas pour tout de suite, elle veut "trouver une solution en bons camarades". Pas 800.000, mais un million de migrants pour l'Allemagne! Tout ça pourquoi? Parce que l'Allemagne qui, maintenant décide de tout pour l'Europe, s'est lancée dans un grand défi humanitaire: il faut laisser parler l'honorable Sigmar Gabriel qui, plus fort que la Chancelière (il est socialiste, lui), a annoncé que l'Allemagne pourrait avoir à accueillir jusqu'à "un million" de migrants en 2015, largement au-delà des 800.000 sur lesquels table officiellement Berlin. Et il y a tous ceux qui, en Allemagne, aspirent à l'arrivée de 500.000 réfugiés par an! Pour quelles obscures raisons les Allemands viennent-ils de découvrir l'existence des "réfugiés syriens"? Cela restera sûrement dans le secret de la conscience de la Chancelière qui, tout à coup, sans en prévenir ses amis et voisins de l'Union européenne, a décidé de prendre la question des migrants à bras le corps et d'ouvrir ses frontières à leur venue. Mais quand même, cela ne laisse pas d'interroger l'observateur. D'abord, il faudrait rappeler les volées de bois vert qui sont tombées sur le dos des dirigeants grecs lorsqu'ils ont émis l'idée qu'ils pourraient bien laisser passer tous les gens qui se pressent à leurs frontières et n'aspirent qu'à la paix, la tranquillité et le confort douillet de l'Union européenne (traduire: "de l'Europe du nord"). On les a accusés de chantage ces Grecs! On leur a dit que s'ils continuaient à menacer l'Allemagne de laisser le champ libre aux hordes de réfugiés syriens, ils n'obtiendraient jamais les remises de dettes qu'ils souhaitaient. On les a tancés d'importance! Les Grecs, des gueux qu'on est trop bon de garder au sein de la belle Europe. Leur économie s'est effondrée? Qu'ils mangent du pain noir et se passent de leur ouzo national. Qu'ils vendent leurs îles et leurs ports à quelques capitalistes de bon aloi, des Allemands, par exemple. Et si les Grecs étaient venus demander du travail en Allemagne? Et si au lieu de distribuer les bons points et les fessées aux bons et aux mauvais élèves, à ceux qui respectent la "Règle d'or" et à ceux qui en sont incapables, l'industrie allemande avait accueilli, Portugais, Espagnols, Italiens, Grecs et pourquoi pas Français, en leur fournissant le gîte et le couvert pendant une période d'adaptation bien nécessaire. Les Allemands se flattent d'avoir attiré quelques dizaines de milliers d'européens... rien à voir avec les centaines de milliers de Syriens, Irakiens et autres qui revendiquent un devoir d'accueil de l'Europe et entendent faire valoir un droit opposable au bonheur européen? Les Allemands auraient aussi pu investir dans les pays européens du Sud plutôt que de gémir sur le manque de main d'œuvre en Allemagne et installer des usines sur les lieux même où un excédent de main d'œuvre se faisait sentir! Les Allemands seraient-ils plus égaux que les autres Européens? Mais, non! Cela aurait ressemblé à une sorte de politique de relance, via des fonds privés, certes, mais relance quand même dans des pays qui n'avaient pas encore fait tous les efforts de la "Règle d'or", qui ne mériteraient rien tant que les "Réformes" incontournables n'auraient pas été actées! Par l'Allemagne évidemment! De la relance? Par l'Allemagne? Qui s'y est opposée, sans discontinuer depuis 2011! Comprenez ce que vous voulez, les Syriens, par centaines de milliers vont coûter cher aux budgets européens! La dépense publique ira bon train. Tout comme une bonne relance keynésienne. D'ores et déjà, les fournisseurs de lits d'appoint ne savent plus où donner de l'usine. Les municipalités allemandes vont devoir mettre en œuvre des programmes immobiliers pour recevoir les réfugiés migrants. L'Allemagne va dépenser 6 milliards aurait annoncé la Chancelière. 6 milliards d'euro pour 1.000.000 de migrants: 6000 euros par migrant... par an?... 500 euros par mois? A ce prix-là on comprend que l'industrie allemande ait senti la bonne affaire! Ce ne peut être qu'une plaisanterie. Les calculs français donnent un chiffre de 12.000 euros par an au minimum...12 milliards en frais de base, car ensuite, les couts indirects sont aussi considérables: santé, éducation, formation, apprentissage de la langue du pays d'accueil. Cet argent que l'Allemagne s'apprête à dépenser sans rechigner, pourquoi a-t-elle refusé de l'apporter à l'Europe sous forme de relance économique? Pourquoi est-elle prête maintenant à financer des gens qu'elle ne connaissait pas alors qu'elle a obstinément décliné toutes les propositions de relance européenne? Pourquoi, alors qu'elle a toujours refusé la solidarité financière et budgétaire européenne (pas question que la veuve de Düsseldorf soit mise à contribution et finance les paresseux du Sud), exige-t-elle que cette solidarité joue pour l'accueil des migrants?

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