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Micro Voyage
1 décembre 2020

Une théorie de la force spatiale

Les armées et les marines existaient bien avant les écrits théoriques qui ont jeté les bases de la façon dont nous pensons à la «puissance maritime» et à la «puissance terrestre». Le premier est apparu à la fin du 19e siècle sous une forme explicite, les principes centraux énoncés par Alfred Thayer Mahan et Julian Corbett. Ce dernier a été bricolé à partir d'un large éventail d'écrits, dont Carl von Clausewitz, Antoin-Henri Jomini, Sun Tzu, Thucydides et un méli-mélo d'autres auteurs qui ont fourni un cadre pour réfléchir à la manière dont les armées exercent leur influence politique et leur coercition26. Pour sa part, la théorie de la «puissance aérienne» a commencé à se développer alors que les avions en étaient encore à leurs balbutiements et avant la mise en place de forces aériennes indépendantes. Les travaux de Jan Christian Smuts, Giulio Douhet, Hugh Trenchard, Billy Mitchell, John Slessor et de nombreux penseurs de l'École tactique de l'Air Corps ont fourni de l'eau pour l'emploi des avions dans la guerre commençant au lendemain de la Première Guerre mondiale.27

Ces cadres théoriques fournissent des idées non seulement sur la façon de structurer et d'employer les forces sur le champ de bataille, mais aussi sur l'institutionnalisation des organisations militaires, les relations entre ces organisations au sein d'un établissement de défense et la hiérarchisation des capacités particulières par les dirigeants nationaux. En bref, la théorie est nécessaire pour le renforcement des institutions et une bonne prise de décision stratégique.

 Pourtant, jusqu'à présent, il y a eu une théorie limitée sur la militarisation de l'espace, sans doute en partie à cause du manque d'un cadre dédié de penseurs de l'espace. Contrairement à l'US Air Force, qui avait des exemples existants de forces aériennes indépendantes et un noyau de personnel partageant l'objectif explicite de l'indépendance du service, même l'idée d'une force spatiale indépendante est relativement nouvelle. Certains théoriciens ont tenté d’emprunter des aspects de la théorie de la puissance aérienne et de la puissance maritime pour les appliquer à l’espace.28 Un exemple notable est le rapport Contested Commons du Center for a New American Security de 2010: The Future of La puissance américaine dans un monde multipolaire, qui incluait l'espace comme l'un des «communs» où les nations se disputaient leur influence.29 Traiter l'espace comme un bien commun a facilité l'importation de certains concepts de la puissance aérienne et de la théorie de la puissance maritime, bien que les analystes ne soient pas d'accord sur corps de théorie est plus applicable.

 Un analyste, empruntant une métaphore à la théorie de la puissance maritime qui distingue les opérations navales dans les eaux littorales et en haute mer, a caractérisé les écoles de pensée «eaux brunes» et «eaux bleues» sur la théorie de l’espace, avec des théories de l’espace sur les «eaux brunes» mettant l’accent sur la dimension conjointe des opérations spatiales - comment l'espace permet le fonctionnement des capacités militaires existantes sur terre, en mer et dans les airs - et les théories de «l'eau bleue» explorant le potentiel de nouvelles dynamiques de domination spatiale, y compris l'exploration et l'utilisation extensives de l'espace à des fins civiles, économiques et militaires.30 Un exemple des théories de «l'eau bleue» de l'espace se trouve dans The Future of Space 2060 et Implications for U.S. Strategy, un rapport d'atelier de septembre 2019 parrainé par l'Air Force Space Command qui envisage une multitude de façons dont les États-Unis pourraient dominer différentes parties de l'espace au milieu du 21e siècle.31

 Le 10 août 2020, la Force spatiale a publié son premier document doctrinal, définissant pour la première fois la «puissance spatiale», délimitant le «domaine spatial» et expliquant comment les ressources de la Force spatiale contribuent à la puissance nationale et à la sécurité nationale. Selon le document, «la puissance spatiale militaire est la capacité d’accomplir des objectifs stratégiques et militaires grâce au contrôle et à l’exploitation du domaine spatial». Le document indique clairement que «la puissance spatiale ne peut pas gagner unilatéralement des guerres» et que la puissance spatiale militaire doit être utilisée pour préserver la liberté d'action, soutenir la force conjointe et fournir aux dirigeants civils «des options indépendantes pour obtenir des effets stratégiques». 32 Ce dernier point rappelle la réflexion de l'entre-deux-guerres sur la puissance aérienne et l'armée de l'air l'indépendance, mais le document offre peu de détails. Il ne permet pas non plus de réfléchir aux façons uniques dont la puissance spatiale contribue à la puissance nationale, ni à la manière d'évaluer la contribution relative de la puissance spatiale par rapport à la puissance aérienne, terrestre ou maritime.

 Au fil du temps, la Force spatiale peut développer les types d'institutions (telles que le Naval War College ou l'Air Corps Tactical School) qui rassemblent les gens pour développer et tester des théories de la puissance spatiale et de la guerre spatiale. En effet, des travaux sur la guerre spatiale sont en train d'émerger pour clarifier les paramètres de la discussion.33 Pour le moment, cependant, s'il existe des cadres théoriques pour explorer la pertinence militaire de l'espace, la Force spatiale ne semble pas représentative d'une position théorique claire. Cela rend difficile l'évaluation de la position de la Force spatiale au sein de la constellation des institutions de défense américaines, mais complique également la façon dont le service compile les priorités, achète l'équipement et forme. personnel. undefined

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